La Diététique Traditionnelle Chinoise
ou le rééquilibrage des énergies
par l'alimentation

Marie-Emmanuelle Gatineaud



Diététicienne Nutritionniste D.E.
Diététique Chinoise Appliquée
S’occuper de sa santé
La Diététique Traditionnelle Chinoise (DTC) propose une voie complémentaire pour le maintien en bonne santé et le retour à la santé.
Ce site œuvre, à sa mesure, à la connaissance de la DTC et à celle de la diététicienne qui la pratique depuis de nombreuses années.
Mise à jour:    
16/02/2017    

Qu'apporte la Diététique Traditionnelle Chinoise (DTC)?

La DTC complète la diététique occidentale quelles qu’en soient ses orientations (conventionnelle, naturopathique, chronobiologique, etc.). Elle fait partie intégrante de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) et offre une spécificité d'écoute et de prise en compte de l'individu dans sa globalité, c’est-à-dire dans sa relation propre au Yin et au Yang des points de vue intérieur et extérieur. Son but est donc de rétablir l'équilibre de l'organisme, qui varie dans le temps, et qui est parfois mis à mal. La DTC est aussi particulièrement efficiente dans l'accompagnement de toutes pathologies, chroniques ou aigües, et dans l’accompagnement des traitements de toute nature.

En quoi consiste la DTC?

Ci-dessous une partie de l'article que j'ai produit pour être intégré à la prochaine édition du Grand Larousse de la Médecine Chinoise. Les nombres entre parenthèses et les astériques  renvoient à la bibliographie en bas de page. 
La DTC est basée sur la connaissance chinoise millénaire du Yin et du Yang et de la théorie des Cinq mouvements. Elle met en jeu la nature, la saveur, la couleur des aliments ainsi que les différents modes de cuisson. Elle permet ainsi une meilleure adaptation au terrain individuel et a pour effet de faire circuler l’Energie (le Souffle) dont les blocages sont responsables de nombreux désordres. 
La DTC, comme la MTC, a un double fondement : philosophique et médical.  
Son utilisation pratique, pour le maintien en bonne santé ainsi qu’en thérapeutique, découle de ces données. 

  • Le fondement philosophique

Le Yin et le Yang

La DTC est fondée sur les théories cosmologiques communes à toute la Chine. Ces théories ont permis l’élaboration du système général des énergies et des correspondances qui sont à la base de toute la pensée et la médecine chinoises (1). Ainsi, les concepts cosmologiques exprimés dans le Yi Jing* mettent en évidence trois modalités, le Ciel, la Terre et les dix mille êtres, apparues sous l’effet  
du Dao dont les deux phases fondamentales d’action sont le Yin et le Yang. Le Yin et le Yang sont impensables séparément et se manifestent à tous les niveaux (2).  

Le microcosme et le macrocosme

 De plus, de nombreux textes rédigés à l’époque des Royaumes Combattants (5ème–3ème s. av. J.C.), soutiennent que le corps humain est un microcosme dont chaque élément est en correspondance avec une partie du macrocosme. L’Homme et la Nature ne forment pas deux règnes séparés (5), il existe même un dynamisme inhérent et indispensable à l’existence de leur rapport (6). 
Ainsi, à l’image du macrocosme sans commencement ni fin, les taoïstes ont cherché à obtenir la vie éternelle pour lui faire écho et, pour ce faire, ont développé certaines pratiques physiologiques visant à « nourrir la vie », dont la diététique. 

Les Cinq mouvements

Par ailleurs, « les Wu Xing, les Cinq Mouvements (ou Eléments) sont les modalités de yinyang. » (1) Pour ce qui concerne la physiologie et la diététique qui lui correspond, la théorie des Cinq Mouvements (Feu, Terre, Métal, Eau, Bois) présente, sous forme cyclique, des correspondances utiles pour le maintien de la santé ou le retour à la santé (3, 4).

Les bases bibliographiques de synthèse

Au total, de nombreux textes anciens, dont les plus célèbres sont le Huangdi Neijing** et le Dao De Jing***, donnent à comprendre que la théorie des Cinq Mouvements permet d’établir des correspondances entre le macrocosme et le microcosme, le naturel et l’humain, le physique et le moral ainsi que de comprendre l’équilibre entre le Yin et le Yang et de mettre en évidence de nombreuses pratiques dans lesquelles la diététique y figure largement.

  • Le fondement médical

Les textes fondateurs

Le texte fondateur est le Huangdi Neijing dont il existe de nombreuses traductions partielles ou totales (4, 7, 8). Il fait état de la thérapeutique du Souffle (Qi). Ensuite, au moins huit autres textes célèbres ****(9), rédigés entre le 3ème mill. av. J.C. et le 16ème s. ap. J.C., ont participé à élaborer les principes fondamentaux de la médecine du Souffle et de la DTC qui en découle, dont se sont inspirés tous les ouvrages postérieurs.

La diététique du souffle

Dans ces ouvrages, on y trouve la matière nécessaire à comprendre la diététique du Souffle et, de fait, rendre adéquate l’alimentation en fonction de la constitution ou de la physiopathologie de l’individu.

L’aliment

Ainsi, à la différence du point de vue occidental qui considère l’aliment en termes de macromolécules et micromolécules (protides, lipides, glucides, vitamines et minéraux), la diététique chinoise considère essentiellement l’aliment comme un véhicule des saveurs (Wei) et des souffles (Qi), destiné à restaurer respectivement notre forme corporelle (Xing) et notre principe vital ou Essence (Jing) (8). De cette définition découle les quatre aspects fondamentaux de l’aliment : son Essence Jing, son Souffle Qi, sa Saveur Wei, et sa Forme Xing, qui auront un impact sur une constitution ou une autre. 
De plus, les aliments ont un méridien destinataire, des indications et contre-indications thérapeutiques précises. Ces données de base ont fait l’objet de quelques glossaires auxquels il est possible de se reporter (8, 10, 11, 12). 

Un exemple : le poireau, de nature tiède, de saveur acide, piquante, a pour méridiens destinataires le Poumon, l’Estomac et le Rein. Il tonifie le Qi, la Rate, le Rein et le Poumon, active le Sang. Il tonifie également le Yang, disperse le Froid et favorise la diurèse. Sa consommation est contre-indiquée en cas de maladies infectieuses.

La physiologie de la digestion

Par ailleurs, la DTC accorde une importante capitale au couple Rate – Estomac dans la physiologie de la digestion ainsi que dans la production de l’Energie et du Sang. Si la Rate et l’Estomac ne fonctionnent pas correctement, des troubles digestifs peuvent apparaître. Or, tout déséquilibre de la Rate et de l’Estomac a des répercussions sur l’état de santé général.

  • La diététique chinoise en pratique (3,8,10,11,12,13)

Dans le domaine de la prévention

Les individus sont considérés selon leur constitution propre. Une fois le diagnostic chinois correctement posé, il est possible, à l’aide des glossaires, d’établir une liste d’aliments, des modes de cuisson, des quantités et un rythme alimentaire qui convient. 
La DTC s’adapte également à l’âge et aux situations physiologiques particulières des individus, comme la croissance, les menstruations, la grossesse et le vieillissement, pour l’essentiel, tout en se référant aux saisons. 
Toutes ces mesures sont utiles à rééquilibrer l’organisme et donc à éviter la survenue des pathologies. Mais, nul besoin de savoir faire la cuisine chinoise pour en appliquer les principes! 

Dans le domaine de la thérapeutique

Quelles qu’en soient les causes, les pathologies sont liées à un grand déséquilibre du Yin et du Yang. La DTC en complément de toute thérapeutique, qu’elle soit occidentale ou chinoise (acupuncture, massage, phytothérapie, etc.), participe à la finalité commune de restaurer la santé en fortifiant l’organisme.

  • Bibliographie

Cet article fait référence aux œuvres suivantes:

(1) K. Schipper, Le corps taoïste, Fayard, 1997 
(2) C. Grégory, « Cosmologie », Dictionnaire de la civilisation chinoise, Albin Michel, 1998 
(3) P. Sionneau, R. Zargorski, La diététique du Tao, Guy Trédaniel, 2001 
(4) E. Rochat de la Vallée, Père Cl. Larre, Suwen : les 11 premiers traités, Maisonneuve, 1993 
(5) M. Kaltermark, « Symbolisme traditionnel et religions populaires », Dictionnaire de la civilisation chinoise, Albin Michel, 1998 
(6) M. Granet, La pensée chinoise, Albin Michel, 1999 
(7) A. Husson, Huangdi Neijing Suwen, ASMEF, 1987 
(8) J. M. Eyssalet et al., Diététique énergétique et médecine chinoise, 2 tomes, Présence, 1984 
(9) M.- E. Gatineaud, La diététique traditionnelle chinoise : d’hier à aujourd’hui, Travail d’Etude et de Recherche, Université de Bordeaux 3, Octobre 2003 
(10) C. – E. Racette, Manger le dragon, CCDMD, 2007 
(11) P. Sionneau, Ces aliments qui nous soignent, Guy Trédaniel, 2005 
(12) M. – E. Gatineaud, Diététique chinoise de la femme enceinte, Springer, 2010 
(13) Shiqi Xiaxiang et al., Zhongguo shiliao daquan, Encyclopédie de diétothérapie chinoise, Sciences et Techniques de Shanghai, 2002 

Les œuvres chinoises fondamentales:

* Yi Jing, Le Livre des Mutations est un corpus de divinations de la Chine Antique. Il est attribué au souverain démiurge Fuxi (4ème mill.– début 2ème mill). 
** Huangdi Neijing, Le Classique de la Médecine Interne de l’Empereur Huangdi, attribué au souverain Huangdi (3ème millénaire av. J.C.) est un livre dont les passages les plus anciens remontent au 5ème et 3ème siècle av. J.C. Il se compose du Suwen et du Lingshu. 
*** Dao De Jing, Le livre de la Vertu dont la majeure partie daterait du début du 3ème siècle av. J.C. est en grande partie de Laozi (551 – 479). Une certaine ascèse mentale y est proposée. 
**** Huit autres textes célèbres : 
-Shennong Bencao, Le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste Shennong (3ème mill. av. J.C.), contient 365 remèdes classés selon leur valeur nutritive, thérapeutique ou toxique. La rédaction de l’ouvrage daterait des Han Postérieurs (23 – 220 ap. J.C.). 
-Lüshi Chunqiu, Les Printemps et Automnes de Lü Buwei, marchand du 3ème s. av. J.C. contiennent toutes sortes de recommandations alimentaires.
-Shang Han Lun, Le Traité des Atteintes par le Froid, de Zhang Zhongjing, rédigé au 3ème s. ap. J.C., préconise certaines recettes pour traiter les maladies dues au Froid. 
-Qianjin Fang, Les Prescriptions valant mille pièces d’or, sont une vaste compilation rédigée par Sun Simiao (581 ? - ? 682), où la théorie alimentaire thérapeutique est décrite en détail. 
-Shiliao Bencao, L’Herbier thérapeutique, rédigé par Meng Xian sous les Tang (618 – 907), concerne les plantes diététiques. 
-Yang Lao Feng Qin Shu, Les Méthodes d’entretien du principe vital pour les Vénérables, rédigées par Chen Zhi à l’époque des Song (960 – 1279), font état de recettes précises pour traiter certaines pathologies. 
-Yinshan Zhengyao, Le Traité de diététique thérapeutique est écrit vers 1314 - 1330 par Hu Sihui. On y trouve des conseils diététiques pratiques (préparation, cuisson, etc.). 
-Bencao Gangmu, L’Index général des plantes médicinales, écrit par Li Shizhen (1518 – 1593), est une reprise du Shennong Bencao.